Le Département agit contre la maltraitance des plus vulnérables

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Cap sur l’autonomie dans les Yvelines

Audrey Houet, psychologue clinicienne, exerce à la Mission « promotion de la bientraitance et prévention des risques de maltraitance » au sein de l’agence interdépartementale  AutonomY. Elle gère pour les Yvelines, le 3977, numéro national dédié à lutter contre les maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap.

Les cas de maltraitance avérée (déclarée, poursuivie) des personnes vulnérables dans les Yvelines sont stables, de l’ordre de 160 par an.

« C’est encore trop bien sûr, mais cette stabilité montre que le niveau d’alerte marche bien », observe Audrey Houet.

Donner toute son attention aux personnes vulnérables, leur montrer, par l’écoute, la prévention et l’accompagnement, qu’elles ne sont pas oubliées, qu’elles ont des droits et que la collectivité doit les protéger, c’est le cœur des missions d’Audrey Houet.

Que sont les maltraitances ?

Définie dans la loi depuis février 2022, la maltraitance des personnes vulnérables peut prendre diverses formes : physique, psychologique, sexuelle, matérielle, financière… Elle peut aussi résulter d’une atteinte aux droits, d’inattention, de négligence ou d’un défaut de soins. Sont ainsi considérés comme des maltraitances, les violences mais aussi l’enfermement, l’accaparement des revenus de la personne, la restriction de ses libertés ou le non-respect de ses choix, l’escroquerie
En établissement, les maltraitances sont souvent qualifiées d’institutionnelles, c’est-à-dire liées au fonctionnement dégradé de la structure.

Les situations rapportées sont variées

« La maltraitance cruelle, il y en a heureusement que très peu. Ce que l’on rencontre le plus souvent, ce sont des proches qui abusent financièrement de la personne âgée ou des maltraitances dues à des dysfonctionnements »

poursuit Audrey Houet.

« Cela peut être des aidants ou des auxiliaires de vie épuisés, en situation de détresse, tellement traumatisés aussi par un environnement mortifère, qu’ils en deviennent tyranniques sans en avoir conscience ».

Le 3977, un numéro gratuit et confidentiel

Comme pour l’enfance en danger (119) ou les femmes victimes de violences (3919), il existe un numéro court pour signaler les actes de maltraitance commis sur des personnes âgées malades ou dépendantes, ou des adultes en situation de handicap : le 3977. Cette plateforme nationale, gratuite est ouverte aux victimes comme aux témoins, y compris les professionnels.
La plateforme nationale vous redirige vers des psychologues et des écoutants départementaux, selon votre lieu de résidence.

Ils vous écoutent sans juger, vous conseillent de façon précise et bienveillante et enclenchent, si nécessaire, des actions de protection grâce aux partenaires du 3977 (pompiers, police, Parquet, agences régionales de santé, dispositif de contrôle du département…).

Parcours appel 3977 Signalement des actes de maltraitance

L’appel est confidentiel, et n’apparaît pas sur les relevés de téléphone. Enfin, l’appelant peut rester anonyme.

« Le plus important, explique Audrey Houet, est d’établir un lien de confiance avec l’appelant, on doit aussi le rassurer car la victime est dans un état de sidération. Appeler, c’est déjà faire un premier pas. La plupart des appelants craint de subir des représailles. Ils ont également honte d’être victime car l’auteur est souvent un proche parent ».

Promouvoir la bientraitance

C’est l’autre mission essentielle du dispositif mis en place au sein de l’agence Autonomy. Dès l’automne prochain, Audrey et les gendarmes de la Maison de confiance et des familles de Bois d’Arcy se rendront dans des Ehpad afin d’informer et d’échanger sur la maltraitance et sur ce que doit être un comportement bientraitant envers les plus vulnérables.

« La lutte contre la maltraitance passe par la promotion de la bientraitance. C’est un continuum, partout, tout le temps »,

conclut la psychologue qui a de nombreux projets pour que les Yvelines deviennent un « territoire bientraitant ».